Bois énergétique : renaissance d’une tradition ?
Le bois était une ressource d’énergie très importante pour nos anciens. Ils l’utilisaient principalement pour se chauffer et pour la cuisson des aliments.
De nos jours, quelle est la place du bois dans notre bouquet énergétique ? Est-il une ressource d’énergie renouvelable ? Devons-nous développer la filière du bois en France pour renforcer notre souveraineté ?
Mais d’abord quels sont les principes de fonctionnement de cette énergie ?
Dans le mix énergétique, le bois fait partie de ce que l’on appelle la biomasse qui a pour origine la photosynthèse.
Ce phénomène naturel permet aux plantes et aux arbres de fabriquer de la matière vivante en utilisant l’énergie solaire. Les feuilles captent la lumière du soleil grâce à la chlorophylle. Le processus libère dans l’atmosphère l’oxygène que nous respirons et consomme du CO2 pour créer la matière. Un arbre va donc naturellement stocker du CO2 dans son bois.
À l’échelle planétaire, les plantes et les arbres consomment environ 100 milliards de tonnes de carbone chaque année. C’est dix fois plus que la consommation d’énergie humaine en équivalent carbone.
Quelle est la part du bois dans le mix énergétique mondial et dans celui de la France ?
Depuis la découverte du feu, la biomasse alimentait 100 % des besoins en énergie de l’humanité jusqu’au début de l’utilisation du charbon au 19e siècle. Grâce à une haute efficacité énergétique, le pétrole et le charbon sont devenus hégémoniques dans notre consommation d’énergie. De nos jours, la biomasse représente seulement 10 % de l’énergie totale consommée dans le monde.
En France, en 2022, nous avons consommé 116 TWh de biomasse solide dont 90 % provenaient du bois pour chauffer nos logements. Cela représente seulement 4,7 % de notre mix énergétique. Le bois reste malgré tout l’énergie renouvelable la plus répandue dans le secteur résidentiel français.
Pourquoi le bois est-il considéré comme une énergie renouvelable alors que sa combustion libère du CO2 dans l’atmosphère ?
Le CO2 libéré au moment de la combustion du bois a été puisé dans l’atmosphère par photosynthèse. Ce carbone sera de nouveau consommé par les arbres et les plantes pour le renouvellement des forêts. C’est un processus naturel qui participe à l’équilibre des écosystèmes depuis des millions d’années.
Nous considérons donc que le bilan carbone global de la combustion du bois est neutre. En brûlant du bois pour nous chauffer, nous transformons simplement la lumière du soleil en chaleur.
Quel est le système de chauffage au bois le plus performant ?
Les technologies actuelles de chaudières avec des granulés de bois sont de loin les plus performantes avec 80 % de rendement.
Par comparaison, les cheminées utilisées par nos anciens pour chauffer leur maison ne diffusaient que 10 % de l’énergie produite.
Avons-nous beaucoup de forêts en France et sont-elles correctement exploitées pour nos besoins en énergie ?
L’inventaire forestier, réalisé par l’IGN en 2021, a révélé que, depuis plus d’un siècle, la superficie forestière en France métropolitaine augmente chaque année de 80 000 hectares. C’est l’équivalent de huit fois la superficie de Paris intra-muros.
La forêt française représente le troisième stock de bois européen derrière l’Allemagne et la Suède.
Paradoxalement, alors que les forêts françaises grandissent, la balance commerciale dans le secteur du bois est largement déficitaire. En 2021, l’industrie du bois représentait 10 % du déficit commercial global de la France.
Les forêts françaises sont donc très largement sous-exploitées.
Pourquoi ce paradoxe et quel est l’avenir du bois en France ?
La France rencontre des difficultés pour développer une véritable politique de gestion des forêts, car 65 % des surfaces forestières appartiennent à un peu plus de 30 000 propriétaires privés. Le restant appartenant majoritairement à l’État et aux collectivités locales.
En reprenant le contrôle de notre territoire et en développant une politique d’exploitation de nos forêts, nous pourrions augmenter l’utilisation du bois de chauffage dans notre mix énergétique pour diminuer notre dépendance au gaz exporté.
Nous pourrions aussi développer nos filières d’approvisionnement du bois dans la construction pour diminuer notre dépendance au béton.
Le bois reste par conséquent une ressource naturelle importante en France qui a un rôle à jouer dans la décarbonation de nos usages.
Guillaume MILLO
Expert en rénovation de bâtiments anciens
Auteur – Chroniqueur radio
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