Effondrement de balcons : une catastrophe évitée de justesse !
Le dimanche 14 avril à 20 h, des balcons se sont effondrés dans une résidence à Antibes près de Nice dans les Alpes-Maritimes.
Heureusement, aucune victime n’a été déplorée malgré la frayeur des copropriétaires.
Quelle est l’origine de cette catastrophe ? Est-ce un cas isolé ? Peut-on anticiper ce type d’effondrement ?
En effet, sept balcons se sont effondrés brutalement sur une même façade d’un bâtiment dans une résidence à Antibes.
Le premier balcon s’est effondré au septième étage entraînant les balcons des six niveaux inférieurs. Certains résidents disent avoir eu la sensation de vivre un véritable tremblement de terre.
Un arrêté de mise en sécurité a été immédiatement pris par la mairie. Trente-neuf habitants ont été évacués, dont huit relogés dans des espaces communaux.
Quelle est l’origine de cet effondrement ?
Une enquête est en cours. Il est par conséquent encore trop tôt pour connaître les causes exactes de ce sinistre.
Notons toutefois que ce type d’incident n’est pas un cas isolé. Souvenons-nous du balcon qui s’était effondré en 2016 dans une résidence à Angers lors d’un anniversaire et qui avait fait à l’époque quatre morts et quatorze blessés.
À la suite de cette catastrophe, l’ancien ministre Jacques Mézard avait d’ailleurs missionné l’AQC (Agence qualité construction) pour enquêter sur les sinistres des balcons en France.
Qu’est-ce que cette enquête a révélé ?
Publiée en 2019, l’enquête a analysé 192 dossiers de sinistres de balcons en France sur une période de onze ans entre 2007 et 2018.
Le rapport relève 41 cas d’effondrement, 10 cas de menace d’effondrement, 14 cas de chutes d’éléments de structure et 2 défaillances de garde-corps.
Dans 94 % des cas de sinistre étudiés, les balcons sont construits en béton armé.
Quelles sont les principales pathologies rencontrées ?
Dans presque 50 % des cas, l’origine des sinistres est directement liée à des problèmes d’infiltration et d’étanchéité.
Les atteintes à la solidité représentent 15 % des cas. Il s’agit entre autres d’insuffisances des armatures ou de leurs mauvais positionnements, mais également des défauts d’ancrages des balcons sur les façades.
Pour finir, il est recensé de nombreux cas de dégradation des revêtements durs sur les sols et les nez de balcons.
De quelle manière les infiltrations d’eau affaiblissent-elles les balcons ?
L’eau est, en effet, l’ennemi numéro un des structures en béton armé.
En cas de défauts de construction, l’eau pénètre par les microfissures, attaque les armatures qui rouillent, gonflent et font éclater le béton. Les phénomènes sont encore plus marqués dans des milieux agressifs comme en bord de mer.
Nous avons également un phénomène de carbonatation qui est un processus naturel d’usure des bétons qui diminue la résistance et la protection des armatures.
Si rien n’est fait, le processus de dégradation conduit de manière progressive à la ruine des ouvrages qui s’effondrent de manière brutale.
Comment pouvons-nous anticiper ce type de désordres et ces catastrophes ?
Les balcons sont les ouvrages les plus exposés et fragiles dans un bâtiment. Dans la plupart des cas, les effondrements brutaux des balcons dans les résidences n’arrivent pas par hasard. Ils sont la conséquence d’une ruine progressive des structures à cause de pathologies qui peuvent être détectées et traitées.
En général, dans les résidences, les balcons sont souvent considérés comme des espaces communs à usage privatif. Il est donc fondamental, pour prévenir les désastres, d’imposer aux syndics de copropriété de procéder à des vérifications et des inspections périodiques des balcons sous forme d’audit pour planifier des travaux d’entretien et de maintenance.
Ressource complémentaire : Lien vers le rapport d’enquête d’AQC : AQC-C2P- Balcons- VF-PRINT.pdf (ecologie.gouv.fr)
Guillaume MILLO
Expert en rénovation de bâtiments anciens
Auteur – Chroniqueur radio
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