La France déshydratée !

7 mars 2023

 

 

La France traverse actuellement une période de sécheresse inédite. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, appelle les préfets et les autorités locales à prendre des mesures anticipées pour préserver et économiser les ressources en eau.

La France traverse-t-elle une crise majeure de l’eau ? Quelle est la situation actuelle et quelles mesures devons-nous prendre à court, moyen et long terme ?

Nous vivons actuellement une situation inédite sur notre territoire. La pluie n’est pas tombée en France du 21 janvier au 22 février soit pendant plus de 32 jours. Nous traversons une sorte de canicule d’hiver avec un déficit pluviométrique de plus de 50 % qui entraîne des conséquences sur le cycle de l’eau.

Depuis un an, nous relevons également que chaque mois les températures sont supérieures aux moyennes de saison. C’est la première fois depuis le début des relevés de températures qu’il fait plus chaud que la norme pendant une période aussi longue.

Quelles sont les raisons de cette sécheresse exceptionnelle ?

Un anticyclone est resté bloqué sur l’Europe de l’Ouest et par conséquent sur la France pendant plusieurs semaines empêchant les masses d’air humide d’arriver depuis l’Atlantique.

Plusieurs études montrent que la hausse des températures liées au réchauffement climatique a renforcé et étendu ce type d’anticyclones qui risquent de devenir la norme dans l’avenir.

Quelles sont les conséquences de cette sécheresse hivernale pour l’année 2023 ?

Elle impacte directement les quantités d’eau présente dans les nappes phréatiques qui ont déjà été affaiblies par la sécheresse de 2022.

Il faut savoir que les nappes phréatiques se rechargent uniquement pendant la période hivernale. C’est le seul moment de l’année où les sols peuvent accueillir l’eau qui s’infiltre pour recharger les nappes phréatiques. À partir du 15 mars, toutes les pluies sont utilisées par les plantes dans les premières couches de sols pour créer le printemps.

Actuellement, 75 % des nappes phréatiques restent à un niveau inférieur à celui attendu en cette saison.

Quels sont les principaux usages de l’eau en France ?

  • 45 % de l’eau est utilisée pour l’agriculture et l’élevage
  • 30 % pour refroidir les centrales électriques
  • 20 % pour l’eau potable
  • 5 % par l’industrie

En clair, ce sont l’agriculture et l’élevage qui consomment le plus d’eau en France. Par exemple, la culture du maïs, principalement utilisé pour nourrir les animaux des élevages industriels, représente 40 % des terres irriguées. Ce sont donc majoritairement nos agriculteurs qui sont impactés par cette sécheresse.

Quelle est la politique de l’État face à cette situation ?

Le 23 février 2023, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a présidé le comité d’anticipation de la sécheresse qui a pour but de gérer les futurs conflits d’usage de l’eau.

Cinq départements sont déjà placés en alerte sécheresse renforcée réduisant l’utilisation de l’eau pour l’arrosage, le remplissage des piscines, le lavage des véhicules et l’irrigation des cultures.

Certaines communes ont même choisi des solutions plus radicales. La communauté de communes du pays de Fayence dans le département du Var, par exemple, a décidé de geler tous les nouveaux permis de construire pour les quatre prochaines années estimant qu’il n’y a pas suffisamment d’eau pour accueillir de nouveaux habitants.

Ces mesures seront-elles suffisantes ?

D’abord, nous avons besoin de gérer la situation de crise immédiate en abordant des questions de fond, comme, par exemple, l’utilisation de l’eau pour nos loisirs. Devons-nous encore accepter l’arrosage des golfs, la fabrication de la neige artificielle dans les stations, ou encore l’utilisation des piscines privatives ?

Ensuite, l’inspection générale de l’environnement et du développement durable a rendu un rapport au mois de décembre selon lequel il est indispensable de s’adapter à un risque de réchauffement de +4 °C en 2100. Il est donc fondamental d’anticiper les conséquences d’une telle hausse de température sur le cycle de l’eau.

Pour finir, nous devons développer une véritable politique nationale de gestion de l’eau en accompagnant des mutations profondes de nos usages et particulièrement dans l’agriculture, pour nous adapter aux conséquences du réchauffement climatique.

Le sujet de l’eau est donc une question démocratique autour d’une ressource précieuse qui est un bien commun.


Guillaume MILLO
Expert en rénovation de bâtiments anciens
Auteur – Chroniqueur radio
LinkedIn: linkedin.com/in/guillaume-millo
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