La France, un modèle électrique vertueux !

15 janvier 2024

 

 

La France a battu plusieurs records d’exportation d’électricité en début d’année. Nous sommes redevenus le premier exportateur d’électricité en Europe.

 

Après les risques de black-out pendant l’hiver 2022, quelles sont les raisons de ce retour en force de la production électrique française ? Le modèle français est-il vertueux ? Remplissons-nous les objectifs européens de décarbonation de nos usages ?

RTE a, en effet, confirmé que la France a atteint, le 22 décembre, 18,7 GW de capacité d’exportation, battant le précédent record de février 2019.

Ce record a de nouveau été battu à deux reprises en début d’année pour atteindre le 3 janvier 20,3 GW.

 

Quelles sont les raisons de cette explosion des capacités d’exportation ?

Ce sont des températures clémentes avant la vague de froid que nous traversons actuellement, une bonne disponibilité de la production nucléaire et une production éolienne record qui sont à l’origine de cette explosion des capacités d’exportation.

Par exemple, le 2 janvier, RTE relevait que 75 % du parc éolien français était en fonction, atteignant 30 % de la production d’électricité.

 

Les efforts de sobriété demandés aux Français durant l’hiver se sont-ils poursuivis cette année ?

En effet, les gestes de sobriété demandés aux Français l’hiver dernier ont continué cette année. Les ménages, les collectivités et les différents secteurs de l’industrie ont pris des habitudes de sobriété.

Avec la flambée des prix de l’électricité, ils se sont rendu compte de la mauvaise utilisation de l’énergie. On estime en moyenne à 12 % la baisse de la consommation globale par rapport aux années de référence.

La combinaison d’une hausse de la production et d’une baisse de la consommation permet actuellement à la France de redresser fortement sa balance commerciale sur l’électricité.

 

Existe-t-il encore des risques de black-out électrique ?

En analysant les données disponibles, les risques de black-out cet hiver sont écartés.

De bonnes précipitations en automne ont permis de recharger les barrages et nos capacités de production hydraulique. Le planning d’intervention sur nos centrales nucléaires pour traiter le problème de la corrosion sous contrainte est maîtrisé.

Pour aller plus loin, précisons aussi que l’électricité représente seulement 27 % de notre consommation d’énergie finale derrière le pétrole, 39 %, que nous utilisons majoritairement dans le transport et devant le gaz, 18 %, essentiellement utilisé dans le secteur résidentiel et l’industrie.

Là encore à la suite des problèmes d’approvisionnement en gaz russe lié au conflit ukrainien, nous avons réussi à démarrer l’hiver avec un taux de remplissage de 90 % de notre capacité de stockage en gaz.

 

Finalement pouvons-nous considérer le modèle français comme vertueux ?

En tous les cas, le modèle français de production d’électricité a prouvé sa résilience. Et surtout notre électricité est l’une des moins carbonées en Europe.

Notons également que les émissions de CO2 liées à la combustion d’énergie en France sont d’environ 4 t par habitant, en dessous de la moyenne mondiale qui se situe aux alentours de 5 t.

Même si nous devons encore progresser, la France reste donc un modèle vertueux dans sa production et sa consommation d’énergie.

 

Certaines associations comme négaWatt critiquent pourtant le renouveau du nucléaire dans la politique française au détriment des énergies renouvelables.

Les pro-nucléaires et les écologistes mettent souvent en opposition l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables. Or elles ne sont pas opposables, elles sont complémentaires dans le mix énergétique pour décarboner nos usages.

L’énergie nucléaire est la seule source existante de production pilotable d’électricité décarbonée permettant de stabiliser le réseau et de gérer l’intermittence des énergies renouvelables lorsqu’il n’y a pas de vent et de soleil. Elle permet notamment de nous passer des énergies fossiles que sont le gaz, le charbon et le pétrole.

L’objectif européen d’être zéro émission en 2050 passe inévitablement par une électrification massive de nos usages.

De manière pragmatique, actuellement, seul le développement du mix énergétique nucléaire civil et énergie renouvelable permettra d’atteindre cet objectif dans tous les pans de notre société.


Guillaume MILLO
Expert en rénovation de bâtiments anciens
Auteur – Chroniqueur radio
LinkedIn: linkedin.com/in/guillaume-millo
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