La transition écologique n’existe pas !

14 novembre 2022

 

 

Introduction

Le 2 novembre 2022, le Gouvernement a présenté son projet de loi visant à accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Dans la même semaine, le Sénat a examiné le projet de loi d’accélération des énergies renouvelables. Avec l’objectif de neutralité carbone en 2050, nous sommes dans une phase de transition.

Arriverons-nous à relever ces défis immenses avec l’accroissement des besoins énergétiques et les tensions géopolitiques mondiales ? Cette transition est-elle vertueuse d’un point de vue de l’environnement ? Allons-nous réussir à soigner définitivement les plaies de notre planète ?

 

La transition écologique est-elle un mythe ou une réalité ?

La transition écologique, pour l’instant, n’existe pas. En revanche, l’Europe et beaucoup de pays dans le monde ont amorcé ce que l’on appelle une transition énergétique. C’est-à-dire que nous passons progressivement d’un mode de fabrication de l’électricité basée sur les énergies fossiles, comme le gaz et le pétrole, à des modes de production fondée sur les énergies renouvelables. Mais comme toutes les activités humaines ont un impact sur l’environnement, produire de l’électricité avec des énergies renouvelables nécessite d’extraire des ressources pour les fabriquer. C’est donc une transition de technologie qui n’est pas écologique.

 

Produire de l’électricité avec des énergies renouvelables comme les panneaux photovoltaïques ou les éoliennes n’est-il pas vertueux ?

Le problème réside dans la fabrication et le recyclage des installations. Par exemple, les panneaux photovoltaïques sont aujourd’hui fabriqués en Chine, car les Chinois ont des mines pour extraire les métaux rares nécessaires à la fabrication des panneaux. Ces mines à ciel ouvert sont localement des désastres écologiques. Il faut ensuite des usines pour fabriquer les panneaux qui utilisent des énergies fossiles pour fonctionner. Et, pour finir, il faut transporter les panneaux depuis la Chine dans des bateaux cargos fonctionnant au pétrole.

 

L’Allemagne, par exemple, a investi massivement dans les énergies renouvelables. La stratégie et le bilan sont-ils bons ? Devons-nous suivre leur exemple ?

Il existe un indicateur important qui mesure la quantité de CO2 produite pour un kilowattheure d’électricité fabriqué. Vous pouvez regarder en direct les consommations de CO2 pour chaque pays dans le monde sur le site internet Cartes de l’électricité | Émissions de CO₂ de consommation d’électricité en direct 24 h/24 et 7 j/7 (electricitymaps.com). L’Allemagne, malgré ses investissements massifs dans les énergies renouvelables, est une très mauvaise élève pour une raison simple. La production d’électricité avec les énergies renouvelables est intermittente. Quand il n’y a pas de vent et peu de soleil, l’Allemagne est obligée de faire fonctionner des usines à charbon pour produire de l’électricité. On peut considérer que la transition énergétique de l’Allemagne est pour l’instant un désastre d’un point de vue écologique.

 

Et la France ?

La France est une championne européenne avec une production décarbonée de 70 % de son électricité grâce au nucléaire. Le bilan carbone de la fabrication d’une centrale jusqu’à son démantèlement est très bon lorsqu’on le compare à la quantité d’électricité produite tout au long de la vie d’une centrale nucléaire.

Avec l’augmentation de la demande d’électricité dans les prochaines décennies, mixer la fabrication de l’électricité en intensifiant le nucléaire et la part des énergies renouvelables est une bonne stratégie.

Reste à en mesurer l’impact carbone réel des énergies renouvelables en tenant compte que nous déportons la pollution dans d’autres pays du monde. Une bonne pratique consisterait à réindustrialiser la France pour extraire les métaux rares sur notre territoire et fabriquer tous les systèmes d’énergies renouvelables dans notre pays.

Et surtout, il ne faut pas tout miser sur les énergies renouvelables, car la production d’électricité est contrainte par la présence du vent et du soleil. Elle est intermittente. Or, avec le dérèglement climatique, nous n’avons aucune certitude sur l’évolution du climat dans nos régions.


Guillaume MILLO
Expert en rénovation de bâtiments anciens
Auteur – Chroniqueur radio
LinkedIn: linkedin.com/in/guillaume-millo
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