L’approvisionnement d’uranium en France en danger !
Dans la nuit du 26 au 27 juillet dernier, un coup d’État militaire orchestré par le chef de la garde présidentielle, le général Abdourahamane Tiani, a renversé le président élu.
Des tensions sont nées entre la France et les putschistes. Ces derniers ont demandé à la France et ses ressortissants de quitter le Niger.
Ce pays est-il un fournisseur en uranium indispensable à notre programme nucléaire ? Quelles sont les conséquences pour nos approvisionnements et pour le fonctionnement de nos centrales ?
D’abord, sur les dix dernières années, nous estimons que la France a importé environ 88 000 tonnes d’uranium naturel, soit une moyenne de 8 800 tonnes par an.
Sur une dizaine de pays fournisseurs, les trois principaux sont le Kazakhstan (27 %), l’Ouzbékistan (19 %) et le Niger (à hauteur de 20 %).
Que faisons-nous avec cette quantité d’uranium naturel ?
Nous fabriquons environ 1 000 tonnes par an d’uranium enrichi qui est le combustible nécessaire au fonctionnement des 56 réacteurs nucléaires sur notre territoire.
Nous créons également du combustible que nous exportons vers d’autres pays. La France est en effet une des rares nations à maîtriser le cycle complet de production de l’uranium enrichi et de traitements des déchets.
Pour finir, l’uranium est également utilisé dans d’autres domaines comme la recherche ou des applications médicales.
Un éventuel embargo causerait-il un défaut dans l’approvisionnement et dans le fonctionnement de nos centrales nucléaires ?
Pas vraiment ! Nous estimons que la France dispose sur son territoire d’un stock d’uranium naturel et enrichi qui permettrait de faire fonctionner nos centrales nucléaires pendant 4 ou 5 ans. De quoi laisser le temps à notre pays de diversifier ses sources d’approvisionnement.
Il est également important de préciser que l’uranium n’est pas un minerai rare sur notre planète.
Selon moi, il s’agit plus d’une crise géopolitique que d’un risque réel pour le fonctionnement de nos centrales nucléaires.
Et quel serait l’impact pour le Niger en cas de rupture avec la France ?
D’abord, d’un point de vue purement industriel, une rupture signifierait éventuellement l’arrêt des exportations d’uranium vers la France qui représentent une part des revenus nationaux du Niger. Entre 2016 et 2020, la société française Orano, anciennement Areva, a versé à l’État nigérien 260 millions d’euros de recettes par an.
Pour finir, un accord de partenariat signé le 2 mai 2023 prolonge jusqu’en 2040 l’activité d’extraction de l’unique mine d’uranium du groupe français encore en activité dans le nord du Niger. Cette dernière embauche environ 1 000 personnes qui risqueraient de perdre leur emploi.
Autre question, existe-t-il encore un risque de black-out électrique pour l’hiver prochain ?
Nous n’avons pas de boule de cristal, en revanche, après une très mauvaise année 2022, le redémarrage des réacteurs, pour cause de réparations ou de maintenance liées notamment aux problèmes de corrosion, a pris de l’avance.
Au premier semestre 2023, la France est même redevenue le premier exportateur européen d’électricité.
Même si la prudence reste de mise, la production électrique française se porte très bien depuis le début de l’année.
Quelles conclusions pouvons-nous en tirer ?
Tout simplement que le modèle français de production d’électricité décarbonée avec son parc nucléaire est résilient et solide.
Mais aussi que la France doit préserver et renforcer dans les prochains mois et prochaines années cet héritage que nos anciens ont mis 50 ans à bâtir après la Seconde Guerre mondiale. C’est une question de souveraineté et de niveau d’indépendance énergétique pour notre pays.
Guillaume MILLO
Expert en rénovation de bâtiments anciens
Auteur – Chroniqueur radio
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