Le réchauffement climatique détruit nos bâtiments !
Les canicules et la sécheresse peuvent entraîner des fissures importantes sur les bâtiments et les maisons individuelles.
France Assureurs, en partenariat avec la Caisse centrale de réassurance et la Mission Risques Naturels ont lancé le 12 septembre une expérimentation sur 300 maisons pour tester des techniques de réparation pendant les 5 prochaines années.
Pour quelles raisons nos bâtiments fissurent-ils sous l’action de fortes chaleurs ? Comment être pris en charge par son assurance pour être indemnisé ?
La cause principale à l’origine de la fissuration des bâtiments est le phénomène naturel de retrait et de gonflement des sols argileux qui ont une capacité à absorber et à retenir l’eau.
En cas de sécheresse, l’eau s’évapore, la teneur en eau diminue, et le sol se rétracte. C’est ce que l’on appelle le phénomène de retrait. Inversement, lorsqu’il pleut, les sols se réhydratent et augmentent de volume. C’est ce que l’on appelle le gonflement.
Ce sont ces variations de volumes qui engendrent des dégâts très importants sur les fondations de nos maisons avec pour conséquence l’apparition de fissures sur la structure.
Quelles sont les régions de France concernées par ce phénomène ?
Le risque de retrait et gonflement a été cartographié sur le territoire par le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) avec trois niveaux d’expositions : faible, moyenne et forte. Dans le cas d’une exposition faible, le risque de sinistre est quasi inexistant. En revanche, dans les cas d’exposition moyenne à forte, le risque de sinistre sur les constructions est plus ou moins important.
La carte révèle que 48 % du territoire est en zone d’exposition moyenne à forte et concerne plus de 10 millions de maisons individuelles.
Est-ce que l’État et les assureurs reconnaissent les sinistres causés par ce phénomène ?
Le phénomène de retrait-gonflement des sols argileux rentre dans le champ d’application du dispositif d’indemnisation des catastrophes naturelles que l’on appelle également le Cat-Nat. Ce mécanisme fondé sur la solidarité nationale permet aux particuliers et aux entreprises d’être indemnisés en cas de situation déclarée catastrophe naturelle.
En tant que propriétaire, comment faire pour être indemnisé par son assurance ?
Il faut remplir deux conditions :
- D’abord, il faut avoir souscrit un contrat d’assurance de dommages aux biens multirisques habitation.
- Ensuite, la catastrophe naturelle doit avoir été reconnue par arrêté interministériel.
Une fois l’arrêté publié au Journal officiel, l’assuré a 10 jours pour déclarer le sinistre à sa compagnie d’assurance. Pour finir, l’assureur a un délai de trois mois pour verser d’indemnisation à l’assuré.
À savoir également que l’ordonnance gouvernementale du 8 février 2023 va modifier le Code des assurances pour améliorer l’indemnisation des victimes de ce phénomène. Les décrets d’application sont attendus au début de l’année 2024.
Sinistres sécheresse – réhydratation des sols | Ordonnance 8 février 2023 | vie-publique.fr
Pour quelles raisons l’organisme France Assureurs investit-il dans une expérimentation sur 300 maisons ?
Tout simplement parce que, en 2022, avec la période de sécheresse exceptionnelle qu’a traversée la France, les coûts de prise en charge des sinistres liés à la déformation des sols ont battu un record avec plus de 3 milliards d’euros. France Assureurs estime que la moitié des maisons individuelles en France sont potentiellement concernées par le phénomène qui augmente avec les effets du réchauffement climatique.
L’expérimentation baptisée « Initiative Sécheresse » durera 5 ans et coûtera 8,5 millions d’euros. Elle permettra de tester quatre techniques de renforcement de fondations pour réparer les sinistres, optimiser les coûts d’indemnisation et faciliter la prise en charge.
À quoi doit-on s’attendre dans les prochaines années avec l’augmentation des températures ?
Le réchauffement climatique amplifie progressivement l’amplitude des phénomènes météorologiques. Les périodes de canicule et de sécheresse durent plus longtemps et les pluies sont plus intenses sur des durées plus courtes.
Dans ces conditions, les sols argileux sensibles aux variations de la teneur en eau vont réagir de manière plus excessive et le phénomène va donc s’intensifier dans les prochaines décennies.
France Assureurs estime d’ailleurs que le coût d’une assurance pour couvrir les risques climatiques sécheresse, mais aussi inondation, va être multiplié par trois d’ici à 2050.
Guillaume MILLO
Expert en rénovation de bâtiments anciens
Auteur – Chroniqueur radio
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