Nucléaire, danger ou opportunité ?
Le projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles centrales nucléaires doit être débattu fin 2022 ou début 2023. Le 16 novembre 2022, Daniel Gremillet, sénateur des Vosges et président du groupe d’études « Énergie », a été désigné rapporteur pour démarrer dans quelques jours les travaux préparatoires à l’examen de ce projet de loi.
Les Français s’interrogent. Quel est l’état de la situation actuelle ?
Le nucléaire représente-t-il un danger ou une opportunité ?
Je vous propose de commencer par un rapide état des lieux.
Dans le monde actuel, 80 % de la demande énergétique primaire est assurée par les énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon), 8 % par la biomasse, c’est-à-dire le bois de chauffage et les déchets organiques, 6 % par les centrales hydroélectriques, 1 % seulement par les énergies renouvelables et enfin 5 % par le nucléaire.
Alors que le monde est encore très largement dépendant des énergies fossiles, la France produit plus de 70 % de ses besoins en électricité de manière décarbonée grâce à ses centrales nucléaires.
Une centrale nucléaire ne rejette pas de gaz à effet de serre ?
Contrairement à la croyance populaire, les fumées blanches qui s’échappent des cheminées sont constituées de vapeur d’eau non polluante et non radioactive.
De manière très simple, dans le cœur d’une centrale nucléaire, nous créons une réaction de fission de l’atome d’uranium. Cette réaction libère de grandes quantités d’énergie sous forme de chaleur. Avec cette chaleur, nous chauffons de l’eau à l’état liquide pour la transformer en vapeur. Cette vapeur actionne des turbines qui produisent de l’électricité.
Le bilan carbone d’une centrale nucléaire est-il bon ?
Pour répondre à cette question, il faut regarder l’analyse du cycle de vie d’une centrale nucléaire, c’est-à-dire la quantité de CO2 rejetée dans l’atmosphère, de sa construction jusqu’à son démantèlement.
Plusieurs études démontrent que les centrales nucléaires ont un impact minime sur l’environnement. Durant son cycle de vie, une centrale nucléaire rejette entre 6 et 12 g de CO2 par kilowattheure d’électricité produite, alors qu’une centrale au charbon ou au gaz rejette entre 500 et 1000 g de CO2 par kilowattheure.
Cela veut dire qu’une centrale à charbon rejette 100 fois plus de CO2 qu’une centrale nucléaire.
Les déchets nucléaires représentent une menace ?
Sur cette question, il est important de relativiser la notion de dangerosité des déchets. Chaque année, la France utilise 19 tonnes d’uranium pour faire fonctionner l’ensemble de ses réacteurs sur tout le territoire. 10 % des déchets produits sont hautement radioactifs et dangereux pour l’humanité. Ce sont ces déchets qu’il faut manipuler et traiter avec une extrême précaution. Ce signifie que 90 % des déchets restants ne constituent pas une menace pour la population.
Beaucoup de détracteurs s’opposent farouchement à l’utilisation de l’énergie nucléaire. Mais avec la réalité de l’urgence climatique, nous n’arriverons pas à combler le retard trop important des énergies renouvelables en France et dans le monde. D’autant que fabriquer les installations d’énergie renouvelable pollue également la planète et pose un problème majeur du recyclage des installations en fin de vie.
La stratégie française du tout nucléaire lancée dans les années 70 pour obtenir l’indépendance énergétique et faire face aux différents chocs pétroliers était une bonne stratégie d’un point de vue environnemental. Il est dommage qu’une chasse aux sorcières ait conduit la France sur la voie du démantèlement de ses centrales nucléaires durant les 30 dernières années. La France vit maintenant sur des acquis alors que le nucléaire aurait pu être, de nos jours, le fleuron industriel français, plaçant la France en position de leader mondial.
Finalement, il aura fallu une crise énergétique majeure sur fond de conflit ukrainien pour faire revenir nos décideurs à la raison et prendre des mesures d’urgence pour relancer le programme nucléaire.
Le nucléaire en France est non seulement une opportunité, mais c’est une nécessité dans la course à la transition énergétique.
Guillaume MILLO
Expert en rénovation de bâtiments anciens
Auteur – Chroniqueur radio
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